Par-delà les souffles du froid Borée

Compilation illustrée de la "Tétrainlogie" signée Christophe Clivaz

zéro heure zéro - guerres d'hiver - au-delà de l'or - vent debout

PRÉFACE DE BENOÎT GAILLARD

Si les voyages forment la jeunesse,l’écriture, qui sait aussi voyager, forme et reforme les voyages.

Le Christophe Clivaz de juin 1991, partant plein nord sac au dos, avalant de gare en gare et d’escale en escale un paysage sans cesse renaissant à la nouveauté de son regard, se doutait-il qu’un jour son alter ego à venir redonnerait vie et sens à tous ces kilomètres?

L’adolescent bouillonnant que l’on accompagne à son départ de Sion est tout entier parcouru d’une volonté de fuir les certitudes, d’un désir d’affrontement aux quatre vents du mouvement presque permanent. Sa fragilité à peine habillée cherche la mise à nu de la rencontre et de l’obstacle.

L’adulte qui le retrouve bien plus tard le sait très bien: son voyage d’alors peut recommencer pour autant que le banal ne le reste jamais longtemps. Et la métaphore d’y filer comme les trains, les paysages et les visages d’y défiler comme autant d’approfondissements. L’alchimie des mots y pourvoit, réveille et révèle à la fois cet « au-delà de l’or » où d’autres voyages s’élaborent: l’écriture sinue et creuse où le hasard n’existe plus mais où tout ne s’explique pas quand même. Les références littéraires et mythologiques s’y répondent, se complètent comme des échos réfléchis du voyage physique.

Une des nombreuses qualités de ces carnets est de nous initier au vrai voyage: celui qui part de nous pour y revenir en passant par l’inévitable et toujours enrichissant Autre.

Ne restons donc pas à quai où la grande horloge nous regarde: filons plutôt comme sa « petite aiguille qui indique le moment venu ». La découverte, sa légèreté mais aussi sa profondeur sont au prix de ces mots riches comme l’or et aériens comme les vents.